BigData : de nouveaux outils à combiner aux savoirs établis et à encadrer par la délibération publique - Entretien avec Antoinette ROUVROY

Auteurs-es

  • Antoinette ROUVROY Chercheuse en Philosophie du Droit au Fonds National de la Recherche Scientifique (Belgique), rattachée au Centre de recherche Droit, Information, Société, Université de Namur

Résumé

A la différence de la statistique classique qui repose sur des conventions et sur des hypothèses, les algorithmes qui fouillent les mégadonnées en font surgir sans médiation apparente des corrélations qui suggèrent en « temps réel » (sur le mode de l’alerte, de la recommandation, de l’aide à la décision), des actions immédiatement exécutables. Ces algorithmes sont la source de multiples profilages, qui délimitent les opportunités de chacun, à la place de normes communes. Porteuse de services étendus et personnalisés, aussi bien que de découvertes scientifiques, la révolution numérique est aussi un risque pour tout ce qui ne se laisse pas réduire à la rationalité économique, et notamment pour la justice sociale et pour la délibération collective. Les individus entrent presque tous dans le jeu, en permettant l’exploitation de leurs « traces », parce que les architectures de choix ne leur laissent voir que les côtés positifs de leur consentement. Plutôt que vers un renforcement de leur pouvoir sur leurs données personnelles, c’est vers un contrôle public des systèmes de décision susceptibles d’affecter les personnes qu’il faudrait se diriger, à travers la loi ou grâce à des codes de déontologie professionnelle

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Publié-e

02-02-2015